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Le chant du coq
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Le chant du coq

VIP-Blog de cocorico
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  • Créé le : 31/03/2006 15:15
    Modifié : 09/07/2019 07:55

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    Suite du récit de Pascale

    21 heures 12 - Col de Voza - kilomètre 13. Il fait nuit noire. Nous sortons les frontales. Le ravitaillement a été dévalisé ! Plus de salé ! Plus de soupe ! Je prends juste un café. La montée nous a fait beaucoup transpirer et je commence à avoir froid. Nous nous couvrons : veste Windstopper et goretex ! Vite ! Vite ! Il fait vraiment froid ! Je mets les gants ! Vite ! Il faut repartir !

    Heureusement, en courant je me réchauffe. Première leçon : ne pas s'arrêter la nuit ! Soudain René s'aperçoit qu'il a perdu son portable ! Inutile de faire demi-tour ! On le signalera au prochain ravitaillement. Descente, montée, stop ! Arrêt brutal ! Bouchon ! Le chemin se rétrécit et il faut bien ¼ d'heure pour franchir 500 mètres. Des sonnailles résonnent ! Le village de la Villette est en fête : il honore les coureurs, à grand cris !

     

     23 heures 35 - Les Contamines - kilomètre 25. Là encore, plus de soupe. Je mange un morceau de pain, bois un café, cherche Philippe et René ! Il faut remplir le camel-bag ! Faire vite ! Ne pas se refroidir ! Repartir ! Vite !

    Çà va mieux ! Je me sens mieux ! Philippe et moi marchons vite ! 6, 7 kilomètres/heure ? Si nous tenons ce rythme jusqu’au bout, nous allons battre tous les records ! Où est René ? René ? René ? Nous ralentissons un peu. René ? Je ne reverrai plus René de toute la course.

     

     Samedi 26 août 2006, 1 heure 21 - Je ne sais plus comment j'ai perdu Philippe, mais j'arrive à la Balme seule. Je pense qu'il est devant ! Enfin de la soupe ! Mais la salière a du tomber dedans ! Je reprends cependant un deuxième gobelet et repars sans tarder ! Ne pas se refroidir !

    C'est alors l'ascension du col du Bonhomme!

     










    Du Col du Bonhomme aux Chapieux

    ............C'est alors l'ascension du Col du Bonhomme 

    Le plus gros dénivelé positif de toute la course ! 1200 mètres à gravir sans répit ! Mais je suis sereine maintenant ! Je sais que je me suis bien préparée. Les entraînements dans les Calanques m’ont habituée à un terrain beaucoup plus difficile ! Il me fallait bien 33 kilomètres pour rentrer dans la course ! Si je supporte le froid, c’est tout bon ! Je perds la notion du temps. Les minutes s’égrènent. Je sais seulement que je dois monter, monter, monter, dans les talons du concurrent qui me précède. Le long serpent lumineux s’étire devant moi. Le rythme est un peu lent mais je laisserais trop d’énergie à tenter de dépasser 5, 10 ou même 20 coureurs. Je reste sagement dans le rang. Je me laisse envahir par la montagne. Je ne la vois pas mais je la sens ! Elle est là, prête à nous anéantir, à déchaîner sur nous les éléments les plus rudes, mais ce soir, elle reste paisible. Le ciel est étoilé. Pas de pluie, pas de vent ! Nous traversons quelques névés, vestiges de sa dernière colère : mi-août, 40 centimètres de neige recouvraient le col du Bonhomme. Je perçois les odeurs de terre et de végétation. Je savoure. Seuls le bruit des bâtons et le souffle court des coureurs troublent le silence.
    Déjà le col ! « La montée est plus douce jusqu’au refuge de la Croix du Bonhomme. Vous y êtes presque !» nous annoncent les bénévoles. Encore un peu ! Altitude 2450 mètres ! Vient alors la longue descente vers Les Chapieux. Je cours, je trottine, j’évite les pièges de ce chemin tout en ornières. J’aperçois le ravitaillement tout en bas !



    4 heures 26 - Les Chapieux - kilomètre 44. Je m’approche d’une table à l’entrée de la tente ! Pas de chance ! Contrôle des sacs ! J’y ai droit ! Certes, j’ai tout le matériel obligatoire : collant, veste, 2 lampes et piles de rechange, réserve alimentaire, carte d’identité, couverture de survie, casquette, pharmacie … mais ce sont de précieuses minutes que je perds là à tout déballer. Contre mauvaise fortune, bon cœur ! C’est le jeu ! Enfin je peux savourer une bonne soupe ! Pas trop salée ! Quelques pâtes, un peu de fromage ! Je suis trempée ! L’humidité de la montagne et la transpiration m’ont transformée en chiffon mouillé ! Je m’installe à une table ! Une autre soupe ! J’aperçois Philippe. « J’ai très mal à la cheville » me confie-t-il. « Je vais chez le doc ». Je commence à me refroidir ! Voilà une demi-heure que je suis là ! Il me faut repartir ! « Vas-y, avance, je te rattrape ! » Je ne reverrai Philippe que sur la ligne d’arrivée.

     











    L'ascension du col de la Seigne

    Je pointe au départ des Chapieux. Il est 5 heures. On me "confie" un jeune concurrent, découragé. Il veut abandonner et les bénévoles tentent de le relancer. Ses copains sont loin devant. Il a froid. Nous partons et j’essaie de le remotiver : « Dans une heure et demie, il va faire jour, çà ira mieux,… » Mais il n’y croit plus et fait demi-tour. « Ne rends pas ton dossard tant que tu es dans les délais » ai-je le temps de lui crier.
    J’avance bien, je marche vite sur ce large chemin, je dépasse de nombreux concurrents. Le chemin devient sentier, le col de la Seigne est devant moi. A nouveau 1000 mètres d’ascension, de montée progressive. Je double, je me sens bien. Je ne pense à rien, qu’à épouser la montagne, à progresser doucement mais sûrement. A la lumière de la frontale, j’aperçois quelques fleurs, des gentianes printanières, mes fleurs de montagne préférées. C’est bon signe ! Je connais bien ces fleurs. J’en ai si souvent vu lors de mes randonnées dans la Vanoise !

    Les crêtes commencent à se dessiner dans un ciel moins noir. Le jour approche. Je monte toujours ! Enfin, je peux éteindre la frontale. Il fait encore sombre. Je distingue tout juste les coureurs devant moi, silhouettes fantomatiques qui me guident vers le Paradis ! Il fait très froid. Il faut éviter les plaques de glace. Ne pas glisser ! L’effort me tient chaud ! Le soleil est encore derrière la montagne à droite mais déjà les glaciers s’illuminent sur ma gauche ! Une marmotte crie son mécontentement ! Tout est irréel ! Il est 7 heures du matin, il fait - 2 °C, je suis à 2 500 mètres d’altitude, au beau milieu du massif du Mont-Blanc ! Je n’ai pas dormi de la nuit ! Que du bonheur !!!!!!!

     

     

     

     

                                                                                                   

    7 heures 15 - Col de la Seigne - kilomètre 54. Le vent souffle fort ! Très fort ! Un bénévole nous attend, emmitouflé comme un Bibendum dans sa tenue de camouflage, épaisse de 10 cm. « Plus bas il n’y a pas de vent ! » nous encourage-t-il !! Vite, vite, j’attaque la descente. J’ai un peu faim et prends un gel énergétique. Un rouge, celui des grands défis !

    Mon téléphone sonne. Difficile d’ouvrir la banane, le sac hermétique …

    C’est Christian (Sch.)

    «    Comment vas-tu ?

    -        Très bien, je suis bien, très bien, c’est super, c’est magnifique, tout est beau, je viens de passer le col de la Seigne, il fait très froid …

    -        Tu es passée au col à 7 heures 15 et tu es attendue au refuge Elisabetta. Je vous suis sur Internet. Je n’ai jamais tant utilisé l’ordi que depuis hier ! Tu me connais !

    -        Sais-tu où sont Philippe et René ?

    -        Alors, je t’annonce que René s’est arrêté et Philippe est juste derrière toi. A un quart d’heure !

    -        Bla bla bla bla … »

    L’arrêt de René est un coup dur ! Je ne peux pas lui téléphoner, il n’a plus de portable. Que s’est-t-il passé ? Je ne dois pas y penser ! Je dois continuer ! Philippe va me rejoindre ! Je me retourne ! Il n’est pas là !

     










                     Du refuge Elisabetta à Courmayeur..........    

    8 heures 01 - Refuge Elisabetta - kilomètre 58. L’endroit est magnifique, grandiose. Je range la frontale au fond du sac. Pendant 12 heures au moins, je n’en aurai pas besoin. Un café, je repars. Il me reste une grosse montée avant la terrible descente sur Courmayeur et j’ai hâte de l’avoir bouclée. Il commence à faire chaud et je me découvre !

    Devant moi, un concurrent allume sa radio. Pas terrible sa musique ! Çà commence à râler dans le rang. Enfin, quelqu’un prend l’initiative :

    «    Et si tout le monde faisait comme toi ?

    -        Mais tout le monde ne le fait pas, je suis seul, …

    -        Il y en a peut-être que çà dérange et qui veulent goûter au calme !

    -        OK, je vais mettre les écouteurs. »

    C’est mieux ainsi. Le calme revient dans le rang.

    Les premiers 60 kilomètres ont été avalés facilement. Le col du Bonhomme et surtout le col de la Seigne m’ont offert de grands moments d’euphorie et d’extase ! Mais là des signes de fatigue commencent à apparaître. Je suis moins à l’aise dans cette ascension. Encore un gel énergétique ! Encore un effort ! La récompense est au sommet. De l’arête du mont Favre, une vue à couper le souffle s’offre à nous : le Mont-blanc dans toute sa majesté !

    Pas question cependant de flâner. Papa et maman vont m’attendre à Courmayeur. Max doit être là aussi ! Je n’ai plus qu’un but : les retrouver ! Je n’ai aucune idée de l’heure, ni de ma vitesse. J’ai prévu d’être à Courmayeur entre 11 heures et midi. La descente est longue, poussiéreuse, étouffante. Je n’apprécie même plus la beauté du paysage. Courmayeur est au fond du trou, çà descend, çà descend, encore et encore et je réalise qu’il faudra remonter de l’autre côté tout ce que je suis en train de dévaler.

    11 heures 05, kilomètre 72, j’entre dans Courmayeur, dédale de ruelles fleuries.

    Je cherche du regard. Où sont-ils ? Sont-ils venus ? Ont-ils trouvé la navette ? … Enfin les voilà ! Ils sont là ! Ils m’attendent, m’applaudissent, m’encouragent, m’embrassent ! Quelle joie de les retrouver ! Pourtant, je passerai bien peu de temps avec eux. Ils ont galéré depuis ce matin, réveil aux aurores, navette, tunnel, longue attente pour me voir juste quelques minutes avant que je ne m’engouffre dans la base d’accueil. Ils n’y sont pas admis. Je fais vite. Je me change, mange un morceau puis les rejoins à l’extérieur. Le chrono tourne. J’aimerais leur raconter, leur dire, leur faire partager, mais je dois me presser. Merci maman pour cet ultime massage des pieds ! Mon téléphone sonne. Christian (C) m’apprend que Philippe a arrêté sa course au refuge Elisabetta.


    12 heures 30, je quitte Courmayeur.











    De Courmayeur au Grand col Ferret

    Je quitte Courmayeur avec 20minutes d'avance sur mes prévisions.

    Cette longue pause m’a un peu requinquée, mais il serait si facile d’arrêter là, de prendre la navette et retourner à Chamonix par le tunnel du Mont-Blanc. Trop facile ! Trop simple ! Et une fois à Chamonix ???? Que des regrets !
    Je continue donc ma route. Je repars tout doucement. Il faut relancer les muscles, re-huiler les articulations, reprendre un rythme, une foulée. Il fait chaud dans cette cuvette. Finalement, il me tarde de me retrouver en altitude. Les 5 kilomètres qui m’attendent après être sortie de Courmayeur vont me faire gravir 800 mètres et je vais à nouveau flirter avec les 2000 mètres. 800 mètres ! Monter ! Monter ! A nouveau à la queue leu leu. De temps en temps, nous croisons un concurrent qui redescend : il marche, il boite, il souffle tout simplement ou peine à mettre un pied devant l’autre. Mais à chaque fois, il a sur le visage la marque de la déception. Il est vaincu. Pour lui, la course est finie. Je compatis.

    14 heures 03 - Refuge Bertone - kilomètre 77.

    Le fond de l’air s’est rafraîchi et je ne m’arrête que quelques instants : remplir le camel-bag, une soupe de plus et en route.
    Lorsque j’avais préparé mon parcours, bien avant le départ, et examiné le profil de la course, je n’avais vu entre les refuges Bertone et Bonatti que quelques petites vaguelettes autour des 2000 mètres d’altitude, que j’avais purement et simplement négligées : du tout plat !
    Mais maintenant que je suis sur le terrain, c’est une tout autre histoire ! Çà monte, çà descend, çà remonte, çà redescend, çà re-remonte, çà re-redescend ! Les muscles doivent s’adapter !
    Un coup d’œil au Mont-Blanc, toujours à gauche : les nuages s’accrochent au massif. La pluie est prévue pour la fin d’après-midi. Malgré la fatigue qui s’installe, j’essaie de rester optimiste. Pour une fois, les prévisions seront fausses, il ne pleuvra pas, il ne doit pas pleuvoir ! Encore une montée … Je n’en vois plus la fin … Une goutte ? Non je ne veux pas ! Encore une ? Le ciel est maintenant bien gris. Pas un ciel menaçant, pas un ciel d’orage, mais un ciel de pluie. Je m’arrête, sors ma veste.



    17 heures 17 - Arnuva - kilomètre 89. Depuis le refuge Bonatti, le moral a bien baissé. D’abord, je sens que je vais perdre la bataille contre la météo ! Ensuite, je suis fatiguée ! Cela fait 22 heures que je suis partie ! J’en ai marre !
    Pour couronner le tout, je m’adresse à un bénévole qui ne veut pas remplir mon camel-bag avec sa bouteille d’eau :
    « Pour çà, il y a un robinet plus loin ! Vous comprenez, j’ai porté 150 packs d’eau depuis le début ! Je ne peux pas en plus remplir les poches à eau ! »
    Je le supplie : « Je suis fatiguée,… »
    A contrecoeur, il consent à me verser une demi-bouteille et ajoute :
    « Vous avez fait 90 kilomètres mais il vous en reste 70 ! Alors, si vous êtes fatiguée, …… »
    Il a raison, jamais je n’arriverai à boucler le parcours. 70 kilomètres ! C’est énorme ! En plus cette fois, il pleut vraiment ! Que faire ? J’arrête là ? En quittant Courmayeur, j’étais partie pour rallier Champex et voir ensuite. Mais entre Arnuva et Champex se dresse le Grand col Ferret, point culminant du parcours à 2537 mètres.

    Je repars cependant. J’ai encore un petit peu d’énergie à consommer. Et je ferai demi-tour lorsque je serai complètement cuite !
    Je ne sais pas vraiment ce qui m’a poussée à continuer. Une petite voix qui me soufflait de serrer les dents ? La peur de décevoir ceux qui devaient m’attendre sur la ligne d’arrivée ? L’envie de rentrer à Cassis en disant « Je l’ai fait ! J’y suis arrivée !!! »
    Je mets mon poncho. La pluie est glaciale !

     

     

       

    Je pars à l’assaut du col Ferret. A nouveau dans le rang ! Un pied devant l’autre ! Un pas puis un autre ! Pas vite ! Tout doucement ! Je pense à René et Philippe. A l’heure qu’il est, ils ont rejoint Chamonix. Peut-être vont-ils prendre l’apéritif sur notre place. Ils sont au chaud, ils ont pris une bonne douche ! Ce serait si facile ….. Je me retourne. Le ravitaillement d’Arnuva est tout petit, en bas. Si je fais demi-tour, la descente va être infernale. Le chemin est tout boueux et je vais glisser. Et si je passe le col, de l’autre côté, c’est la Suisse. La Suisse, et après une descente, c’est La Fouly kilomètre 102. Et si j’arrive à la Fouly, je serai classée. Voilà mon nouvel objectif ! La Fouly ! Atteindre La Fouly ! En attendant, je monte toujours, il pleut toujours et il y a de plus en plus de boue.








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