Du refuge Elisabetta à Courmayeur..........

8 heures 01 - Refuge Elisabetta - kilomètre 58. L’endroit est magnifique, grandiose. Je range la frontale au fond du sac. Pendant 12 heures au moins, je n’en aurai pas besoin. Un café, je repars. Il me reste une grosse montée avant la terrible descente sur Courmayeur et j’ai hâte de l’avoir bouclée. Il commence à faire chaud et je me découvre !
Devant moi, un concurrent allume sa radio. Pas terrible sa musique ! Çà commence à râler dans le rang. Enfin, quelqu’un prend l’initiative :
« Et si tout le monde faisait comme toi ?
- Mais tout le monde ne le fait pas, je suis seul, …
- Il y en a peut-être que çà dérange et qui veulent goûter au calme !
- OK, je vais mettre les écouteurs. »
C’est mieux ainsi. Le calme revient dans le rang.
Les premiers 60 kilomètres ont été avalés facilement. Le col du Bonhomme et surtout le col de la Seigne m’ont offert de grands moments d’euphorie et d’extase ! Mais là des signes de fatigue commencent à apparaître. Je suis moins à l’aise dans cette ascension. Encore un gel énergétique ! Encore un effort ! La récompense est au sommet. De l’arête du mont Favre, une vue à couper le souffle s’offre à nous : le Mont-blanc dans toute sa majesté !

Pas question cependant de flâner. Papa et maman vont m’attendre à Courmayeur. Max doit être là aussi ! Je n’ai plus qu’un but : les retrouver ! Je n’ai aucune idée de l’heure, ni de ma vitesse. J’ai prévu d’être à Courmayeur entre 11 heures et midi. La descente est longue, poussiéreuse, étouffante. Je n’apprécie même plus la beauté du paysage. Courmayeur est au fond du trou, çà descend, çà descend, encore et encore et je réalise qu’il faudra remonter de l’autre côté tout ce que je suis en train de dévaler.
11 heures 05, kilomètre 72, j’entre dans Courmayeur, dédale de ruelles fleuries.

Je cherche du regard. Où sont-ils ? Sont-ils venus ? Ont-ils trouvé la navette ? … Enfin les voilà ! Ils sont là ! Ils m’attendent, m’applaudissent, m’encouragent, m’embrassent ! Quelle joie de les retrouver ! Pourtant, je passerai bien peu de temps avec eux. Ils ont galéré depuis ce matin, réveil aux aurores, navette, tunnel, longue attente pour me voir juste quelques minutes avant que je ne m’engouffre dans la base d’accueil. Ils n’y sont pas admis. Je fais vite. Je me change, mange un morceau puis les rejoins à l’extérieur. Le chrono tourne. J’aimerais leur raconter, leur dire, leur faire partager, mais je dois me presser. Merci maman pour cet ultime massage des pieds ! Mon téléphone sonne. Christian (C) m’apprend que Philippe a arrêté sa course au refuge Elisabetta.
12 heures 30, je quitte Courmayeur.
