l y a bien longtemps, un matin, la commune de Plancher-les-Mines tomba dans un grand émoi : les Suédois qui avaient envahi les terres lorraines approchaient en semant la terreur. Inès, qui était d’une beauté remarquable, admirait le courage des hommes du pays qui souhaitaient résister, tous sans exception. Elle pensa cependant que le meilleur moyen d’échapper aux barbares serait de se cacher dans la montagne. Beaucoup plus haut, il y avait un étang au milieu des grands chênes.
près avoir réuni les filles du village, Inès et ses jeunes compagnes se mirent en chemin. Toutes avaient revêtu leurs plus jolies robes blanches et mirent des couronnes de liserons sur leurs cheveux comme pour un jour de fête. De là-haut, elles entendirent les cloches sonner le tocsin….. Les Suédois arrivaient.
uelques heures à peine s’étaient écoulées, que les bruits angoissants se rapprochaient et soudain, à travers les branches, Inès vit apparaître une troupe à cheval. Terrifiée, elle regardait avancer à leur tête des cavaliers, un jeune chef qui lui parut beau comme un dieu. Le suédois avait arrêté son coursier et contemplait la jeune fille, muet d’émerveillement. Dans un regard, l’espace d’un instant, ils s’aimèrent vraiment. Le jeune chef ébaucha un geste, sans doute pour ordonner à sa troupe de faire grâce.
ais les soldats hurlant se ruèrent vers leurs proies. Les jeunes filles éperdues s’étaient serrées autour d’Inès, qui donnant l’exemple, se jeta dans les eaux sombres de l’étang. Les compagnes l’imitèrent sans hésiter. Le chef se précipita pour sauver Inès. Lorsqu’il parvint à la retirer des nénuphars, elle n’était plus qu’un corps sans vie. Il l’a pris dans ses bras comme un frêle enfant et la déposa sur un lit de mousse. Désespéré, il déposa sur son front un baiser.
Le soldat prit ensuite une planche sur laquelle avec son poignard, il grava une épitaphe pour ces belles filles que furent Inès et ses malheureuses compagnes.