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Le chant du coq
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Le chant du coq

VIP-Blog de cocorico
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  • Créé le : 31/03/2006 15:15
    Modifié : 09/07/2019 07:55

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    Pascale a pris la plume..........elle nous raconte

    27/03/09  14:30

     
     
     

     

     
     
    Qui a dit que la terre était ronde ? Platon, Eratosthène ou Galilée ?
    Aujourd’hui moi je peux vous dire qu’elle ne l’est pas et que le bout, c’est quelque part dans le Sahara oriental, au sud-ouest de la Libye, vers le massif de l’Akakus. Je m’en suis approchée de très près et j’ai bien eu peur de tomber par-dessus bord, entre les milliards d’étoiles qui s’y étaient donné rendez-vous.
     
    Le départ du Libyan Challenge 2009 a été donné le mardi 24 février dans un site ressemblant au désert marocain. Pour arriver jusque-là, 4 heures d’avion depuis Roissy, 8 heures de car au milieu de rien, sur une route défoncée et soulevée par le sable, à nouveau 1 heure de car et enfin, 10 minutes de 4x4. Du sable, des touffes de drinn, une végétation éparse et au loin des massifs élevés. Des coureurs affairés aux derniers préparatifs, ajustant leur sac à dos, un peu stressés, certains qui s’étirent, d’autres qui s’échauffent comme au départ d’un 10 000 mètres, une ligne de départ virtuelle marquée par l’arche gonflable, des organisateurs prêts à donner le coup d’envoi pour une longue promenade de plus de 200 kilomètres, il est 9 heures 30.
     

     

     
     
    5, 4, 3, 2 ,1 partez !!!!!!!!!!
     
    Je pars doucement, petite foulée, juste histoire de chauffer les muscles et l’organisme pour ce long périple. Dix kilomètres ainsi et c’est l’ascension du col d’AWIS, une montée raide, pas très longue, mais qui marque l’entrée dans le monde du bord, du bord de la terre. L’entrée dans un monde minéral, nu, dépouillé, fait de sable, de rocaille et de caillasses. Je suis partie pour une épopée de 54 heures dans ce dédale qui me conduit jusqu’au fin fond de notre Terre.
    Je partage quelques instants avec Michel, habitué de la course. Il est un repère. Il connaît. Hier, il m’a longuement expliqué l’utilisation du GPS. Il m’a montré comment suivre la route, comment tangenter le bord de la terre et revenir sans me perdre.
    Le soleil a depuis longtemps dissipé les frissons du petit matin lorsque j’atteins le PC 1. Il fait bon, pas trop chaud. Je ne m’arrête que quelques minutes. Les champions sont déjà loin devant.
     
    Le décor est somptueux. Du sable, des dunes, des pierres empilées les unes sur les autres, des rochers en équilibre sur d’autres rochers, de l’ocre, du noir, du blanc, du beige, du noir et encore du noir, des pas qui s’inscrivent dans le sable jusqu’au prochain souffle de vent. Pas d’habitations, ou presque, pas âme qui vive, juste notre caravane qui avance dans ce paysage lunaire. C’est beau, tout simplement.
     
    En fin d’après-midi, j’arrive au PC 2. Chaque point de contrôle est une oasis de vie et de réconfort. Les bénévoles veillent sur nous, s’affairent, soignent les bobos, raccommodent les organismes fatigués, proposent eau chaude, massage, assistance. Une hôtellerie de luxe, du 5 étoiles du bout du monde. J’ai droit à mon premier soin des pieds. C’est une rencontre brutale avec Anthony et son injection d’éosine brûlante mais ô combien précieuse. Les deux concurrents italiens qui se ravitaillent sous la tente, Antonio et Filippo, compatissent à ma douleur.
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    Je quitte le PC 2 avec Laurent et Moudhar. Après 8 heures de course solitaire, je suis heureuse de me joindre à eux. Ma dernière rencontre avec Laurent date de 2003. Nous avions parcouru ensemble de longs kilomètres, lors de la Desert Cup. Tous deux avons été marqués par cette découverte de l’Afrique noire et du Pays Dogon.
    Nous avançons bien, dans un même tempo. La nuit tombe et avec elle arrive le froid.
     
     
    Au PC 3, c’est l’embouteillage. Les réservations ont été gérées en surbooking et nombre de concurrents doivent se reposer hors de la tente.
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    Une soupe et quelques soins plus tard, notre trio repart dans cet espace irréel, dans cette nuit sans lune, dans ce noir sans ombres, à la poursuite des points GPS et à la recherche des deux balises, points de passage obligatoires. Il est 1 heure 40. J’ai sommeil, je titube, je vois des choses étranges, un chemin bordé d’arbres, des voiles,… Mon esprit fatigué a du mal à interpréter les images que ma lampe frontale déforme. Jean-Pierre nous accompagne quelques kilomètres avant de planter son drapeau sur une plage de sable et de tomber dans les bras de Morphée. Le marchand de sable est passé…. Nous poursuivons notre chemin. Antonio et Filippo sont là, tout près. Des milliards d’étoiles illuminent le ciel.
     
    Le deuxième jour de course se lève sur un décor de rochers déchiquetés plus superbe encore. Le sable vire du gris à l’ocre, au rouge. Nous avançons, kilomètre après kilomètre, de PC en PC au milieu de ces blocs de grès érodés, de ces pitons rocheux en forme de tête de lion, de champignon ou de patte d’éléphant. La présence de mes deux compagnons de route devient nécessaire et naturelle. Ils sont là, tout simplement. Je perçois leurs moments de faiblesse et je m’accroche à eux quand la fatigue se fait sentir. Nous partageons de longs moments de silence, l’un à côté de l’autre. Inutile de parler pour rassurer l’autre, le soutenir dans un moment de « moins-bien ». Au fil des kilomètres, notre association éphémère s’est transformée en une équipe soudée et indissociable. Moudhar est solide. Il est réservé, parle peu mais c’est un véritable pilier. Et puis, à chaque PC, nous retrouvons nos deux italiens, leur courtoisie, leur charme et leur français irréprochable.
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    En fin de journée, un 4x4 nous double juste avant d’arriver au PC 6. Quel bruit incongru au milieu de ce no man’s land ! Le passager nous encourage. C’est un concurrent qui a jeté l’éponge et la tristesse de son sourire me frappe et me trouble. Je ne dois pas faiblir. Pourtant après 34 heures de course, je sens que j’ai besoin d’un break, j’ai besoin de me ressourcer, de me régénérer.
     
     

     

     
    Au PC 6, Vivien m’offre alors 2 heures de repos sur sa table de massage, 2 heures d’un sommeil profond et réparateur en ce début de 2ème nuit.
    Comme c’est dur de quitter cet endroit confortable et rassurant pour se lancer vers l’inconnu, la nuit, le froid. Mais il faut repartir. Moudhar est prêt. Je tire Laurent de son sac de couchage. Nous partageons un café brûlant et stimulant.
    André n’a pas trouvé la passe au départ du PC. Il est redescendu et nous attend. Nandou nous montre le passage et c’est à quatre que nous abordons le grand plateau caillouteux, éclairés de nos seules frontales. André trébuche, il tombe, il retombe. Ses verres progressifs l’empêchent de distinguer le relief. Dans la grande descente qui nous conduit au PC 7, il heurte un caillou et se fait une belle entaille. Finalement au PC 7, il décide de dormir et d’attendre le lever du soleil salvateur.
     
     
     
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    Je me sens en grande forme. Anthony a fait du beau travail sur mes ampoules et je n’ai presque pas mal. Vivien m’a offert une cure de jouvence. Je suis euphorique. Nous repartons rapidement car le froid saisit Laurent. La fin de la nuit est toujours le moment le plus froid et nous accélérons le pas.
    ?
    J’ai des ailes et me sens toute proche de l’arrivée. Il reste 30 kilomètres mais je sens que j’ai presque fini ma course. Je réalise que j’ai fait une bonne préparation. Certes, j’aurais pu faire plus de kilomètres, plus de longues sorties, plus de ceci ou de cela. Mais j’aurais aussi pu arriver fatiguée et sans l’envie. J’ai trouvé le bon compromis entre entraînement, repos, sommeil et sérénité. Je me laisse aller à faire un premier bilan d’une aventure que je vois se terminer. Je suis bien, heureuse d’être là, sereine.
    ?
    Et puis soudain. CLAC !! Je me tords violemment la cheville sur un caillou. Çà a claqué. La douleur me transperce. J’ai mal. Je ne peux poser le pied au sol. Après quelques instants, je réussis à faire un pas. Aie ! Encore un pas, j’ai mal mais çà ira. Un autre, de toute façon, çà doit aller, je dois juste serrer les dents. En tournant le pied gauche vers l’extérieur et en sautillant légèrement sur le pied droit, je peux avancer. Bon çà va tenir. Je sautille, j’évite les pierres et les cailloux. La course est loin d’être finie et tout peut encore arriver. Je me concentre sur le chemin.
    Laurent et Moudhar ont froid et voudraient bien courir mais je ne peux que marchouiller et avancer comme une sauterelle. Ils restent à mes côtés et nous progressons doucement sur cette piste qui doit nous ramener vers le sable et nous éloigner du bord de la terre. C’est la fin de l’Akakus.
    Du PC 8, je garderai le goût du parmesan offert par Antonio.
    PC 9, zappé.
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    L’arrivée sur Ghat offre un spectacle féerique, un décor de dessin animé, des dunes roses pales, d’un rose magique et irréel. Malgré la fatigue et la souffrance, j’admire ce paysage exceptionnel. Laurent souffre encore plus que moi. Son coup de froid de ce matin l’a vidé. Il nous reste moins de deux heures de course mais il galère et je n’ai plus grande énergie pour le sortir de son trou noir. Moudhar a mal aux pieds. Ses ampoules à vif le font souffrir. Notre équipage est en détresse.
    ?
    Ce sont quelques Tucs, partagés au milieu du sable, qui, comme une potion magique, effacent notre fatigue et nous permettent de savourer cette dernière heure. Un véritable trésor !
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    Il est 15 heures 30 et nous approchons de l’arrivée. Le mât qui domine le campement est un repère. Nous « fonçons » droit dessus. Je ne vois plus rien. Effacés le massif du bord de la Terre et les belles dunes roses, effacées la douleur et la fatigue ! Un seul objectif, une seule idée en tête, finir la course, rentrer à la maison, arriver dans notre campement et dire « Je l’ai fait ! »
    Voilà enfin les drapeaux qui marquent l’entrée du camp. Moudhar accélère et sprinte puis se retourne et s’arrête.
    Ensemble, tous les 3, main dans la main, nous franchissons la ligne d’arrivée.
     
    C’est un mélange unique de sensations fortes : émotion, ivresse, excitation, pleurs, rire, frissons, détresse, exaltation. Aucun mot n’est assez fort pour décrire ce sentiment unique de victoire, d’aboutissement et de fatigue mêlés.
     
    Les champions sont là et nous acclament. Sébastien, 3 fois premier sur la course vient me féliciter. Il récupère mes armes de guerre : fusée de détresse et carte de pointage. Patrick m’aide à enlever mon sac à dos et desserre mes chaussures. On me fait asseoir. On m’apporte un Coca. C’est fait.
    Jean-Marc vient nous embrasser et je lui promets que jamais plus je ne reviendrai pour cette course de Oufs. A chaque arrivée, pour chaque concurrent il est là, même au milieu de la nuit ! Pour lui, la course sera finie lorsque le dernier coureur sera arrivé et lorsqu’avec Gérard, ils iront symboliquement fermer les portes du désert, lorsque toute la caravane sera rentrée de sa longue promenade au bord de la Terre.
     
     
     
     
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    Voilà un mois que tout est fini et malgré ma promesse sur la ligne d’arrivée, j’ai d’ores et déjà inscrit le prochain Libyan Challenge comme l’objectif de 2010…
     
     
     
     
     
     
    Pascale
    Dossard 40







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