Nous repartons tout doucement avec une montée bien raide. Christian va alors connaître 5 minutes de bonheur intense. Pendant 5 minutes, il va savourer le plaisir d’avoir des chaussettes propres et sèches. Et puis tout à coup, SPLATCH !!!!!!!!!!!!! C’est le plongeon dans une flaque et le calvaire des pieds mouillés recommence.
Nous avançons bien. Dès que le chemin le permet, nous trottinons. Eric nous annonce du 9 kilomètres à l’heure en descente. C’est super ! Je me sens bien. Je me sens capable d’aller jusqu’à Lyon, de continuer jusqu’à Chamonix, de continuer …
Nous rigolons, nous plaisantons au milieu des champs de maïs. Christian prend alors le rôle du Nicolas Canteloup de la course à pied, et nous retrouvons comme par enchantement nos compagnons du tour de gare qu’il mime tour à tour. Quel talent d’imitateur ce Christian !
Peu à peu, le silence s’installe sur le groupe. Les kilomètres commencent à s’accumuler et la fatigue se fait ressentir. Carmen devient marathonienne. Il nous reste alors 27 kilomètres. Çà devient difficile pour nous 4. Eric a les muscles qui tiraillent, Carmen peine, Christian et moi n’en
menons pas large. Heureusement les accompagnateurs nous font la surprise d’être au kilomètre 45. Brève apparition mais un bon remontant.
Le jour commence à poindre devant nous. Le lever du soleil est un moment magique. Nous sortons enfin de cette longue nuit pour découvrir la ville de Lyon à nos pieds.
Il reste encore 15 kilomètres. Çà devient très dur … Nous faisons corps pour lutter contre la fatigue, les crampes et le découragement. Nous devenons la bête à 4 têtes et 8 pattes. Christian n’a plus d’eau. Nous partageons les camel-bag, les petits saucissons, les babybels et les noix de cajou. Combien au GPS Eric ? 12 ? Une énorme montée : 2 kilomètres à 20 %. Je n’en peux plus. Combien au GPS Eric ? J’ai mal aux pieds. J’ai choisi de mettre des chaussures de trail. C’était très bien dans la boue mais sur le goudron, c’est trop dur ! Çà tape, çà résonne dans tout le corps. Je serre les
dents. Mes 3 compagnons souffrent autant que moi. L’entraînement a été light et nous manquons de kilomètres. Combien au GPS Eric ? Place Bellecour. Il reste 6 kilomètres. Je sais que nous allons y arriver mais que c’est long ! Que c’est dur. Carmen invoque Romain. Christian est défiguré. Eric a les yeux enfoncés dans les orbites. Combien au GPS Eric ? Je ne me vois pas mais tout mon corps me fait mal.
Et puis soudain, 1 kilomètre, 500 mètres, c’est presque fini. 50 mètres, 20 mètres.
Ensemble, tous les 4, main dans la main, nous franchissons la ligne d’arrivée sous les applaudissements des spectateurs et de nos fidèles accompagnateurs.
